En France, deux modèles de tablettes tiennent le haut du pavé dans le secteur de l’éducation. Il s’agit d’abord de la tablette d’Apple et celle de Samsung. Mise à l’honneur en Corrèze ou dans les Hauts-de-Seine, la première est devenue l’emblème de sa génération. La seconde grignote du terrain après des expérimentations d’envergure dans la Val d’Oise ou dans la commune du Puy-en-Velay. Alors que les plans d’équipement ponctuels se multiplient dans l’hexagone, des initiatives plus massives voient le jour dans les pays émergents, en Inde, en Thaïlande, ou aux frontières de l’Europe comme en Turquie. La Corée du Sud et les Etats-Unis devraient suivre après avoir annoncé la fin du manuel papier. La question est de savoir quelles configurations, quels constructeurs et quels éditeurs de systèmes d’exploitation tireront leur épingle du jeu à l’échelle mondiale ?
Apple a tiré le premier. La firme de Cupertino a profité d’un effet pionnier qu’elle a su parfaitement exploiter en présentant l’Ipad comme un outil pédagogique. Dernièrement elle enfonce le clou avec iBooks Author qui permettrait à n’importe quel quidam de s’improviser éditeur de manuel scolaire. La réponse de Samsung n’a pas traîné. Sa Galaxy Tab va désormais accueillir un Learning Hub qui permettrait aux utilisateurs de la tablette coréenne de profiter de ressources pédagogiques mises à disposition par une trentaine de fournisseurs sélectionnés. Dernier arrivé, Amazon impose son Kindle Fire avec un rapport qualité/prix impressionnant. Le marché est très animé.
Un marché qui se développe à très grande vitesse
En effet, une étude menée par la fondation Pearson et Harris Interactive aux Etats-Unis montre qu’en un an le nombre d’étudiants disposant d’une tablette a triplé et pour les élèves en dernières années de lycée, ce chiffre a quadruplé. L’enquête montre qu’au niveau des systèmes d’exploitation, Androïd et iOS sont en passe de faire jeu égal avec respectivement 40% et 60% du marché. Cette étude montre également que la tablette d’Apple est encore celle qui est la plus populaire auprès des jeunes, mais le Kindle Fire et les modèles de Samsung ne sont pas boudés. Si elles sont aussi compétitives que celles d’Amazon, les tablettes Windows 8 n’auront aucun mal à se faire une place dans un marché en forte progression.
Des constructeurs issus des pays émergents se font une place au soleil
Cependant, d’autres compétiteurs sérieux vont émerger à la faveur des projets d’équipement massifs lancés par l’Inde, la Thaïlande, la Turquie et d’autres pays très volontaires en matière d’éducation numérique. La plupart de ces marchés sont remportés haut la main par des constructeurs chinois ou indiens qui proposent des prix défiants toute concurrence pour des configurations qui sont de moins en moins ridicules. La dernière version de la tablette indienne Aakash, vendue une trentaine d’euros grâce à une subvention gouvernementale, devrait embarquer un processeur de 1,2 gigahertz et environ 700 mégaoctets de RAM. Même si le plan d’équipement du gouvernement indien ne se déroule pas exactement comme prévu, les prix sont violemment tirés vers le bas et la compétition est exacerbée.
Des solutions compétitives pour des plans d’équipements massifs
Plusieurs projets se succèdent en Inde en profitant du marché subventionné. Accross World Education propose également sa tablette, nommée Atab, qui pour 70 euros sans subvention, dispose également d’un processeur supérieur à un gigahertz, de 512 mégaoctets de RAM et d’un écran LCD de 7 pouces. Le Funbook de Micromax est encore plus impressionnant pour un prix équivalent, il intègre la quatrième version d’Androïd et un processeur graphique. En Thaïlande, avec des configurations et des prix semblables, ce sont les géants chinois Huawei, ZTE et Lenovo qui fourniront près d’un million de tablettes. C’est une entreprise new-yorkaise, General Mobile, qui a remporté la phase pilote du projet turc, intitulé Fatih, qui vise un équipement massif pour près d’un milliard et demi d’euros. Mais ce sera une tablette low cost sous Androïd qui sera livrée.
Un marché du low cost qui se structure petit à petit
Si les projets d’équipement massifs se généralisent dans les pays émergents comme dans les pays occidentaux, et si les mieux disant continuent à remporter ces marchés avec des tablettes low cost sous Androïd, la part d’iOS sur le marché mondial sera bientôt négligeable en termes d’unité vendue. Quant à l’entrée des tablettes Windows 8 sur ce même marché, il faudra d’une part que le prix du système d’exploitation soit négligeable par rapport à celui du terminal et que l’ensemble puisse fonctionner avec peu de mémoire et des processeurs d’entrée de gamme. Quoiqu’il en soit, à hauteur d’une centaine d’euros la tablette, moins d’un milliard serait désormais nécessaire pour équiper tous les élèves de France en âge de profiter de cet outil. Moins de 500 millions seraient nécessaires si, comme en Inde, la subvention gouvernementale couvrait environ 50% du prix payé par les familles. Des programmes pourraient être mis en place pour généraliser ces équipements avec l’aide des familles en soutenant celles qui sont les plus fragiles économiquement parlant.