Le cinquième forum des enseignants innovants s’est terminé le 2 juin 2012. Une centaine de projets ont été mis à l’honneur grâce à l’équipe du Café pédagogique, ses partenaires associatifs et privés. Le soutien du ministère de l’Education nationale était manifeste avec la venue du ministre Vincent Peillon pour inaugurer l’événement et saluer les enseignants sélectionnés pour leur passion et leur travail. Ce forum est complémentaire aux journées de l’innovation proposées depuis deux ans par la direction générale de l’enseignement scolaire. L’innovation « buttom-up » proposée par le Café est différente de celle « top-down » proposée par le réseau académique des conseillers à l’innovation. Si l’initiative est importante pour encourager les pratiques, il n’existe pas encore d’équivalent pour mettre en lumière l’innovation au niveau des ressources. Chez nos voisins, l’innovation pédagogique est reconnue chez les enseignants comme chez les entrepreneurs.
Pour sa cinquième édition, qui s’est tenue à Orléans cette année, le Forum des enseignants innovants décolle. Non seulement les projets proposés ont été beaucoup plus nombreux que les années passées, mais pour la première fois le patron de la rue de Grenelle a fait le déplacement. Vincent Peillon est venu rendre hommage aux enseignants innovants tout en reconnaissant le travail effectué au Café pédagogique par François Jarraud et son équipe. C’est une consécration pour cet évènement unique en son genre. Même si les journées de l’innovation, mises en place par le ministère il y a deux ans, s’apparentent un peu au forum, force est de constater que la conception de l’innovation comme le public présent ne sont pas les mêmes. La différence se trouve entre l’approche du terrain de l’innovation et celle, plus institutionnelle, qui relève d’une logique de type « top-down »
Aux journées de l’innovation officielle, on s’attache au fameux article 34 qui permet de s’affranchir de nombreuses contraintes définissant le cadre scolaire. Pour recenser et évaluer l’innovation, on s’appuie sur un réseau d’inspecteurs régionaux affublés d’un sigle jargonneux, les « Cardies », les « conseillers académiques à la recherche et au développement de l’innovation dans l’éducation ». Lors du forum par contre, très peu d’inspecteurs et d’articles 34. Les associations d’enseignants sont à la manoeuvre et le public s’affranchit des carcans en bonifiant les conseils des pairs. Le jury est d’ailleurs issu des rangs, constitués en majorité d’enseignants encore en exercice cumulant de surcroît, le plus souvent, des responsabilités associatives.
Un forum des enseignants innovants et des journées de l’innovation complémentaires
Reste que, pour le forum comme pour les journées, en partant du sommet du crâne ou de la pointe du pied du mammouth ce sont parfois les mêmes acteurs et souvent les mêmes thèmes qui sont retenus. On retrouve ainsi la percée fulgurante des réseaux sociaux, qui depuis deux à trois ans s’imposent dans les travées du forum et des journées. A Paris comme à Orléans, ce sont des sujets sérieux auxquels s’attaquent les enseignants innovants : la problématique de l’évaluation est toujours bien placée et plusieurs enseignants tentent avec leur moyens de redéfinir l’environnement numérique de travail pour en faire un véritable espace d’apprentissage pour leurs élèves.
Après la valorisation des pratiques innovantes, les ressources ?
Pour ce qui est de la valorisation des pratiques pédagogiques innovantes, après le succès concomitant du forum et des journées, les deux évènements apparaissent résolument complémentaires. Du côté de l’institution comme du côté des associations, l’innovation s’en trouve légitimée. Cependant, cette légitimation ne devrait pas s’arrêter aux pratiques, car peu d’enseignants franchissent le pas en passant de l’innovation d’usage à l’innovation technologique.
Le secteur aurait bien besoin d’évènements mettant en valeur les entrepreneurs innovants apportant de nouveaux outils à la communauté éducative nationale. Outre-Atlantique, les prix ne manquent pas. Les « Codie Awards » pour les technologies éducatives sont les plus reconnus, mais on peut aussi citer les prix de la gazette « ComputED » ou ceux du web magazine « edtech digest« . Des prix de ce type permettraient peut-être de susciter les vocations, chez les petits comme chez les